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JEANNE D'ARC I — La vie de Jeanne d'Arc Naissance en Lorraine Agrandir le plan La Vie de Jeanne d'Arc Site sur Jeanne d'Arc Héroïne française Histoire de Jeanne d'Arc dans un café royaliste rue de Rivoli Née le 6 janvier 1412 à Domremy Brûlée vive le 30 mai 1431. A 19 ans. Naissance dans une famille de laboureurs, très pieuse, elle entend les voix de saint Michel, sainte Catherine et sainte Marguerite qui lui enjoignent de se rendre au près de Charles VII pour l'aider à "bouter" les Anglais hors de France. Le roi la reçoit et l'envoie lever le siège d'Orléans. Jeanne d'Arc est ainsi appelée « la Pucelle d'Orléans ». C'est une victoire, le 8 mai 1429. Le roi est sacré à Reims, le 17 juillet 1429, ce qui signe la défaite des Anglais. Elle est blessée devant Paris, le roi se détourne peu à peu d'elle. Elle tombe dans un piège et est vendue aux Anglais. Après un procès dirigé par Pierre Cauchon, évêque de Beauvais, Jeanne est brûlée comme sorcière : hérétique, relapse et idôlatre. Le prétexte est pris qu'elle portait des habits d'hommes. (définitions : site trésor de la langue française) Le procès de Jeanne d'Arc (extrait du film de Dreyer) Brûlée par les Anglais ou par l'Eglise... II — Des représentations féminines de Jeanne d'Arc Dans les arts, Jeanne d'Arc est souvent représentée dans des postures qui montrent son martyre ou son caractère pieux. Elle est également présentée de manière féminine, avec des attributs masculins. Une représentation très féminine avec un attribut masculin : l'épée La Jeanne du « Tableau des échevins » (1581) Avec un étendard et une épée, une armure féminisée La Pucelle militarisée mais toujours féminine Dessin de Chasselat gravé par Bardet, 1820. (C.J.A. 00.173.12). Sur le bûcher Ajouter une légende Entendant des voix En prières En armure, devant l'autel Accompagnée d'une allégorie, Jeanne d'Arc semble une petite fille qui porte pourtant une épée d'une taille démesurée par rapport à son corps. III — Les cinq statues de Jeanne d'Arc à Paris Jeanne d'Arc, héroïne de l'Histoire de France, honorée par cinq fois, est le seul personnage célèbre à être représenté avec une telle abondance dans toute la statuaire publique. Omniprésente à la fin du XIXe siècle, son culte connaît une réelle expansion. À la fois femme, sainte, guerrière et symbole de la résistance à l'étranger, son image se répand dans toute la France. La première statue est érigée en 1874, place des Pyramides, la deuxième inaugurée boulevard Saint-Marcel en 1891, la troisième — dont la date d'érection précise demeure inconnue — fut érigée dans les années 1890 devant l'église Saint-Denys-de-la-Chapelle, la quatrième fut installée place Saint-Augustin en 1900, la dernière enfin, plus tardive, s’élève sur le pont de Bir-Hakeim depuis 1958, après avoir été rebaptisée La France renaissante. 1 — Place des Pyramides, 1874, sculpteur Emmanuel Frémiet, bronze doré, commande publique de l'Etat La plus célèbre Agrandir le plan Cheval jugé trop gros par rapport au corps de Jeanne d'Arc à l'époque, modifié à l'insu de tous par le sculpteur en 1899. Le cheval, statues équestre (vidéo) Les statues équestres chez les femmes représentent exclusivement Jeanne d'Arc (Pyramides, Saint-Augustin et Bir-Hakeim). C’est un privilège traditionnellement réservé aux seuls rois (Henri IV, Louis XIII, Louis XIV) et, plus tard, aux grands militaires (Hoche, Foch). La statue équestre est souvent utilisée pour véhiculer l'image du pouvoir royal et de la prouesse militaire. Au XIXe siècle, le monument équestre devint un moyen d'inculquer à l'opinion l'aura caractéristique des meneurs des causes nationalistes. Il s’agit donc d’une représentation d’exception réservée aux plus grands et s’inscrivant dans une tradition royale, militaire et exclusivement masculine. Les statues équestres de Jeanne d'Arc insistent sur la force et la détermination du personnage. Juchée sur un cheval, elle n'en paraît que plus puissante. On note parfois un contraste entre son corps féminin et le cheval. Site très central, très prestigieux Matériau prestigieux du bronze La statue des Pyramides se trouve dans une zone où la symbolique étatique est la plus forte, presque au cœur de la France. Entre la place de la Concorde (où se trouve la statue de Strasbourg, capitale de l'Alsace) et le Louvre et les Tuileries. La place des Pyramides apparaît comme un écrin parfaitement proportionné à la statue, un espace à la fois symétriquement délimité et ouvert sur la rue de Rivoli. Elle permet l'intimité nécessaire au rituel du rassemblement, tout en signifiant le caractère public de la statue. Site historique : voisin de l'emplacement de la porte Saint-Honoré où fut blessée Jeanne d'Arc. Vidéo sur la statue et son site 2 - Place Saint-Augustin, 1900, sculpteur Paul Dubois Paul Dubois, place Saint-Augustin Agrandir le plan Devant l'église saint-augustin La place Saint-augustin avant-après Située dans un quartier haussmannien prestigieux, devant une église ce qui accentue son orientation religieuse. La statue orne la belle perspective du boulevard Malesherbes. Elle se trouve au cœur du quartier des grands boulevards, des Italiens et des Capucines, parsemés de cafés — le Grand Café, le café Anglais, le café de la Paix. Elle est placée devant l'imposante église d'inspiration byzantine, bâtie de 1860 à 1871 par l'architecte des Halles, Victor Baltard. À la structure métallique et moderne de l'édifice religieux répond le bronze de cette statue aux formes classiques. Son socle comporte des inscriptions explicatives et les citations de paroles qu'elle a prononcées au cours des différentes étapes de sa vie. Une discussion tourna autour du contenu de la face antérieure du socle, la plus importante, dont voici les deux versions : Jeanne d'Arc (1412-1431) à l'âge de 17 ans entreprend de chasser les ennemis hors de France. Elle fait lever le siège d'Orléans, détruit l'armée anglaise à Patay, conduit Charles VII à Reims et le fait sacrer roi. Blessée en voulant délivrer Paris, elle est prise devant Compiègne et brûlée vive par les Anglais à Rouen/Elle avait 19 ans. Cette première formulation dramatise la mort prématurée de la jeune Jeanne et accuse directement les Anglais. Une version épurée, moins polémique, fut préférée : Jeanne d'Arc devait figurer la résistance mais non l'agression : À Jeanne d'Arc/Libératrice de la France/née à Domrémy/le 6 janvier 1412/Brûlée vive à Rouen/le 30 mai 1431. Jeanne n'est brûlée par personne en particulier, on indique seulement le lieu de son supplice. L'énumération de ses actions contre les Anglais est abandonnée au profit de l'idée principale qu'exprime la statue : Jeanne est vue, avant tout, comme « Libératrice de la France ». On indique également son lieu de naissance, en Lorraine, élément hautement significatif après la perte des provinces de l'Est en 1870. Toutes les statues de Jeanne d'Arc ne comportent cependant pas de texte explicatif. La vie de Jeanne d'Arc était connue de tous les enfants nourris des manuels scolaires de la République. 3 — Jeanne d'Arc, boulevard Saint-Marcel statue Bd Saint Marcel Agrandir le plan La toponymie alentours rappelle déjà Jeanne d'Arc : rue Jeanne d'Arc. Entre la gare d'Austerlitz et la place Denfert-Rochereau, qui a en son centre la statue du Lion de Belfort. Le lion de Belfort commémore la résistance des habitants face aux Prussiens pendant la guerre de 1870 : symbole de la résistance à l'envahisseur comme Jeanne d'Arc. Le sculpteur est Bartholdi (celui qui sculpta la statue de la Liberté de New York, et à Paris : place de l'Alma et au jardin Luxembourg). La sculpture de la place Denfert-Rochereau est une réplique au 1/3 de celle qui se trouve à Belfort. 4 — Jeanne d'Arc rue de la Chapelle Statue érigée à la demande des habitants et du curé de la paroisse Saint-Denys-de-la-Chapelle. Repère local Carte rue de la Chapelle Dans un quartier périphérique de Paris, récemment annexé à la Capitale. Jeanne d'Arc est une manière de l'intégrer et de créer un repère national. 5 — Jeanne d'Arc, pont de Bir-Hakeim, Holger Wederkinch, 1958 La statue de Jeanne d'Arc est placée au centre du pont de Bir-Hakeim. Elle se dresse face à la tour Eiffel et au Trocadéro. À une des extrémités de l’Île-aux-Cygnes, elle constitue un pendant à la statue de la Liberté placée à l’autre bout. On peut noter un lien entre Jeanne d'Arc, figure libératrice de la France et Bir-Hakeim qui rappelle un épisode de la Libération, d'ailleurs une plaque avait déjà été apposée une plaque rappelant les combats en Afrique, de mai à juin 1942. Agrandir le plan Plan des statues de Jeanne d'Arc Afficher Les statues de Jeanne d'Arc sur une carte plus grande : Les 5 statues de Jeanne d'Arc forment une sorte de croix qui quadrille l'espace parisien. Ce quadrillage de l'espace public parisien n'était bien sûr pas intentionnel puisque ces statues ont été érigées à l'instigation de commanditaires différents et à des époques différentes. Analyse esthétique des statues Jeanne était avant tout considérée comme le symbole de la défense nationale : on la représenta donc armée, à cheval ou à pied, mais toujours en armure, portant épée et étendard. La statue de Frémiet, commandée par l'État, prime sur toutes les autres : elle est en bronze doré, cas unique parmi les statues des grands hommes de l’époque. Elle brandit son étendard avec force quand celles de la Chapelle et du boulevard Saint-Marcel se contentent de le faire reposer sur leur épaule. Les statues de la place Saint-Augustin et de Bir-Hakeim arborent une épée, symbole de la main de Dieu pour la première, signe de sa force digne d’une Walkyrie pour la seconde. Les détails de la cotte de maille sont infiniment plus travaillés sur la statue de Frémiet que sur celles des statues de Saint-Marcel et de Saint-Augustin ou celle de la Chapelle, plus grossière. Jeanne d'Arc est-elle représentée comme une femme ? Bien sûr, l'armure lui donne un air mâle difficilement récusable. Sans doute aurait-elle pu laisser suggérer des formes féminines. Mais, elle enserre le buste de la jeune femme dans une forme rigide. Seule la statue de Wederkinch, la plus récente, marque certains éléments du corps. Épaules, pieds pointus, cuisses, genoux et seins, toutes ces parties sont soulignées et renforcées par des pièces métalliques qui contrastent avec la cotte de maille qu’elle porte en dessous. Pour la partie inférieure du corps, la statue du boulevard Saint-Marcel lui attribue une longue tunique, représentation très courante dans les églises. Les statues équestres, en revanche, obligeaient peut-être l’artiste à la sculpter avec une armure d'homme. La coiffure, enfin, aurait pu conférer à la statue une touche de féminité. Si la statue de Frémiet présente une queue de cheval généreuse, qui vole au vent, surmontée d'une couronne de laurier, signe de victoire, les statues de la Chapelle et de Saint-Marcel ont les cheveux mi-longs qui, à l'époque, étaient portés même par les hommes ; quant à celle de Saint-Augustin, elle porte un casque qui dissimule toute chevelure. Celle de Bir-Hakeim est casquée et auréolée de profil, un artifice qui invite à voir la statue de côté. Une mèche stylisée est fixée sur le casque. Dernier élément : le visage et le regard. La statue de la place des Pyramides regarde droit devant elle, avec détermination, dégageant une impression de force, alors que celle de la place Saint-Augustin tourne des yeux inspirés vers le ciel tout en élevant son épée. Les traits du visage sont assez fins, exprimant la fragilité d'un enfant. Les deux représentent Jeanne les jambes tendues ce qui confère à l'ensemble du corps une forme triangulaire qui domine le cheval. Une force incomparable se dégage de ces statues équestres. Le cheval de la place des Pyramides est en marche, protégé d'une armure, ce qui lui donne un aspect massif, presque abstrait, alors que celui de la place Saint-Augustin est plus réel, fougueux, les naseaux dilatés. L'air inspiré de la statue de la place Saint-Augustin est en conformité avec le site devant l'église. Finalement, seule la petitesse du corps et la finesse du visage et des mains suggèrent sa féminité. La statue de Bir-Hakeim dégage une force peu égalée par les plus anciennes. Elle condense les différentes composantes des autres monuments : l’air inspiré de celle de Saint-Augustin, la puissance guerrière de celle des Pyramides. Jeanne est montée sur un cheval fougueux : tête, crinière et queue dressées avec force de tous côtés. Par contraste, le cheval en pleine course a été représenté au moment où ses quatre sabots se touchent, permettant ainsi une composition triangulaire qui renforce la puissance du destrier. À la fois casquée, auréolée et en armure, elle regarde droit devant elle, l’air déterminé. Son épée ondulée est fermement pointée vers l’avant et rappelle très précisément les contours souples de la crinière. L’étendard, qu’elle tient d’une main orientée vers l’arrière, enroule son corps, entoure son dos et se présente comme un drapé. Le tissu permet de créer un lien entre le cheval et Jeanne aux endroits où un vide aurait pu apparaître. L’effet recherché doit être massif et entier. La Pucelle et son cheval font corps : elle épouse totalement les contours de son destrier. Aucune selle n’est esquissée ; elle monte à cru. Elle prend appui sur le flanc du cheval avec ses deux pieds fermement plantés. L’impression d’ensemble est une figure d’un seul tenant dont la force ondulante permet de signifier la vitesse de déplacement. Les cinq statues font de Jeanne d'Arc une femme bien différente des autres. Guerrière, elle est représentée dans une posture masculine, portant des armes. Mais si elle a les attributs de l'homme, sa taille est celle d'une femme qui oscille entre une figure enfantine et celle d’une walkyrie ou d’une amazone. Ces statues indiquent qu'elle n'est pas un homme, mais ne nous dévoilent pas non plus une femme. Jeanne d'Arc échappe à ces catégories sexuées. En réalité, elle est avant tout un mythe, le symbole de la patrie.

JEANNE D'ARC I — La vie de Jeanne d'Arc Naissance en Lorraine Agrandir le plan La Vie de Jeanne d'Arc Site sur Jeanne d'Arc Héroïne française Histoire de Jeanne d'Arc dans un café royaliste rue de Rivoli Née le 6 janvier 1412 à Domremy Brûlée vive le 30 mai 1431. A 19 ans. Naissance dans une famille de laboureurs, très pieuse, elle entend les voix de saint Michel, sainte Catherine et sainte Marguerite qui lui enjoignent de se rendre au près de Charles VII pour l'aider à "bouter" les Anglais hors de France. Le roi la reçoit et l'envoie lever le siège d'Orléans. Jeanne d'Arc est ainsi appelée « la Pucelle d'Orléans ». C'est une victoire, le 8 mai 1429. Le roi est sacré à Reims, le 17 juillet 1429, ce qui signe la défaite des Anglais. Elle est blessée devant Paris, le roi se détourne peu à peu d'elle. Elle tombe dans un piège et est vendue aux Anglais. Après un procès dirigé par Pierre Cauchon, évêque de Beauvais, Jeanne est brûlée comme sorcière : hérétique, relapse et idôlatre. Le prétexte est pris qu'elle portait des habits d'hommes. (définitions : site trésor de la langue française) Le procès de Jeanne d'Arc (extrait du film de Dreyer) Brûlée par les Anglais ou par l'Eglise... II — Des représentations féminines de Jeanne d'Arc Dans les arts, Jeanne d'Arc est souvent représentée dans des postures qui montrent son martyre ou son caractère pieux. Elle est également présentée de manière féminine, avec des attributs masculins. Une représentation très féminine avec un attribut masculin : l'épée La Jeanne du « Tableau des échevins » (1581) Avec un étendard et une épée, une armure féminisée La Pucelle militarisée mais toujours féminine Dessin de Chasselat gravé par Bardet, 1820. (C.J.A. 00.173.12). Sur le bûcher Ajouter une légende Entendant des voix En prières En armure, devant l'autel Accompagnée d'une allégorie, Jeanne d'Arc semble une petite fille qui porte pourtant une épée d'une taille démesurée par rapport à son corps. III — Les cinq statues de Jeanne d'Arc à Paris Jeanne d'Arc, héroïne de l'Histoire de France, honorée par cinq fois, est le seul personnage célèbre à être représenté avec une telle abondance dans toute la statuaire publique. Omniprésente à la fin du XIXe siècle, son culte connaît une réelle expansion. À la fois femme, sainte, guerrière et symbole de la résistance à l'étranger, son image se répand dans toute la France. La première statue est érigée en 1874, place des Pyramides, la deuxième inaugurée boulevard Saint-Marcel en 1891, la troisième — dont la date d'érection précise demeure inconnue — fut érigée dans les années 1890 devant l'église Saint-Denys-de-la-Chapelle, la quatrième fut installée place Saint-Augustin en 1900, la dernière enfin, plus tardive, s’élève sur le pont de Bir-Hakeim depuis 1958, après avoir été rebaptisée La France renaissante. 1 — Place des Pyramides, 1874, sculpteur Emmanuel Frémiet, bronze doré, commande publique de l'Etat La plus célèbre Agrandir le plan Cheval jugé trop gros par rapport au corps de Jeanne d'Arc à l'époque, modifié à l'insu de tous par le sculpteur en 1899. Le cheval, statues équestre (vidéo) Les statues équestres chez les femmes représentent exclusivement Jeanne d'Arc (Pyramides, Saint-Augustin et Bir-Hakeim). C’est un privilège traditionnellement réservé aux seuls rois (Henri IV, Louis XIII, Louis XIV) et, plus tard, aux grands militaires (Hoche, Foch). La statue équestre est souvent utilisée pour véhiculer l'image du pouvoir royal et de la prouesse militaire. Au XIXe siècle, le monument équestre devint un moyen d'inculquer à l'opinion l'aura caractéristique des meneurs des causes nationalistes. Il s’agit donc d’une représentation d’exception réservée aux plus grands et s’inscrivant dans une tradition royale, militaire et exclusivement masculine. Les statues équestres de Jeanne d'Arc insistent sur la force et la détermination du personnage. Juchée sur un cheval, elle n'en paraît que plus puissante. On note parfois un contraste entre son corps féminin et le cheval. Site très central, très prestigieux Matériau prestigieux du bronze La statue des Pyramides se trouve dans une zone où la symbolique étatique est la plus forte, presque au cœur de la France. Entre la place de la Concorde (où se trouve la statue de Strasbourg, capitale de l'Alsace) et le Louvre et les Tuileries. La place des Pyramides apparaît comme un écrin parfaitement proportionné à la statue, un espace à la fois symétriquement délimité et ouvert sur la rue de Rivoli. Elle permet l'intimité nécessaire au rituel du rassemblement, tout en signifiant le caractère public de la statue. Site historique : voisin de l'emplacement de la porte Saint-Honoré où fut blessée Jeanne d'Arc. Vidéo sur la statue et son site 2 - Place Saint-Augustin, 1900, sculpteur Paul Dubois Paul Dubois, place Saint-Augustin Agrandir le plan Devant l'église saint-augustin La place Saint-augustin avant-après Située dans un quartier haussmannien prestigieux, devant une église ce qui accentue son orientation religieuse. La statue orne la belle perspective du boulevard Malesherbes. Elle se trouve au cœur du quartier des grands boulevards, des Italiens et des Capucines, parsemés de cafés — le Grand Café, le café Anglais, le café de la Paix. Elle est placée devant l'imposante église d'inspiration byzantine, bâtie de 1860 à 1871 par l'architecte des Halles, Victor Baltard. À la structure métallique et moderne de l'édifice religieux répond le bronze de cette statue aux formes classiques. Son socle comporte des inscriptions explicatives et les citations de paroles qu'elle a prononcées au cours des différentes étapes de sa vie. Une discussion tourna autour du contenu de la face antérieure du socle, la plus importante, dont voici les deux versions : Jeanne d'Arc (1412-1431) à l'âge de 17 ans entreprend de chasser les ennemis hors de France. Elle fait lever le siège d'Orléans, détruit l'armée anglaise à Patay, conduit Charles VII à Reims et le fait sacrer roi. Blessée en voulant délivrer Paris, elle est prise devant Compiègne et brûlée vive par les Anglais à Rouen/Elle avait 19 ans. Cette première formulation dramatise la mort prématurée de la jeune Jeanne et accuse directement les Anglais. Une version épurée, moins polémique, fut préférée : Jeanne d'Arc devait figurer la résistance mais non l'agression : À Jeanne d'Arc/Libératrice de la France/née à Domrémy/le 6 janvier 1412/Brûlée vive à Rouen/le 30 mai 1431. Jeanne n'est brûlée par personne en particulier, on indique seulement le lieu de son supplice. L'énumération de ses actions contre les Anglais est abandonnée au profit de l'idée principale qu'exprime la statue : Jeanne est vue, avant tout, comme « Libératrice de la France ». On indique également son lieu de naissance, en Lorraine, élément hautement significatif après la perte des provinces de l'Est en 1870. Toutes les statues de Jeanne d'Arc ne comportent cependant pas de texte explicatif. La vie de Jeanne d'Arc était connue de tous les enfants nourris des manuels scolaires de la République. 3 — Jeanne d'Arc, boulevard Saint-Marcel statue Bd Saint Marcel Agrandir le plan La toponymie alentours rappelle déjà Jeanne d'Arc : rue Jeanne d'Arc. Entre la gare d'Austerlitz et la place Denfert-Rochereau, qui a en son centre la statue du Lion de Belfort. Le lion de Belfort commémore la résistance des habitants face aux Prussiens pendant la guerre de 1870 : symbole de la résistance à l'envahisseur comme Jeanne d'Arc. Le sculpteur est Bartholdi (celui qui sculpta la statue de la Liberté de New York, et à Paris : place de l'Alma et au jardin Luxembourg). La sculpture de la place Denfert-Rochereau est une réplique au 1/3 de celle qui se trouve à Belfort. 4 — Jeanne d'Arc rue de la Chapelle Statue érigée à la demande des habitants et du curé de la paroisse Saint-Denys-de-la-Chapelle. Repère local Carte rue de la Chapelle Dans un quartier périphérique de Paris, récemment annexé à la Capitale. Jeanne d'Arc est une manière de l'intégrer et de créer un repère national. 5 — Jeanne d'Arc, pont de Bir-Hakeim, Holger Wederkinch, 1958 La statue de Jeanne d'Arc est placée au centre du pont de Bir-Hakeim. Elle se dresse face à la tour Eiffel et au Trocadéro. À une des extrémités de l’Île-aux-Cygnes, elle constitue un pendant à la statue de la Liberté placée à l’autre bout. On peut noter un lien entre Jeanne d'Arc, figure libératrice de la France et Bir-Hakeim qui rappelle un épisode de la Libération, d'ailleurs une plaque avait déjà été apposée une plaque rappelant les combats en Afrique, de mai à juin 1942. Agrandir le plan Plan des statues de Jeanne d'Arc Afficher Les statues de Jeanne d'Arc sur une carte plus grande : Les 5 statues de Jeanne d'Arc forment une sorte de croix qui quadrille l'espace parisien. Ce quadrillage de l'espace public parisien n'était bien sûr pas intentionnel puisque ces statues ont été érigées à l'instigation de commanditaires différents et à des époques différentes. Analyse esthétique des statues Jeanne était avant tout considérée comme le symbole de la défense nationale : on la représenta donc armée, à cheval ou à pied, mais toujours en armure, portant épée et étendard. La statue de Frémiet, commandée par l'État, prime sur toutes les autres : elle est en bronze doré, cas unique parmi les statues des grands hommes de l’époque. Elle brandit son étendard avec force quand celles de la Chapelle et du boulevard Saint-Marcel se contentent de le faire reposer sur leur épaule. Les statues de la place Saint-Augustin et de Bir-Hakeim arborent une épée, symbole de la main de Dieu pour la première, signe de sa force digne d’une Walkyrie pour la seconde. Les détails de la cotte de maille sont infiniment plus travaillés sur la statue de Frémiet que sur celles des statues de Saint-Marcel et de Saint-Augustin ou celle de la Chapelle, plus grossière. Jeanne d'Arc est-elle représentée comme une femme ? Bien sûr, l'armure lui donne un air mâle difficilement récusable. Sans doute aurait-elle pu laisser suggérer des formes féminines. Mais, elle enserre le buste de la jeune femme dans une forme rigide. Seule la statue de Wederkinch, la plus récente, marque certains éléments du corps. Épaules, pieds pointus, cuisses, genoux et seins, toutes ces parties sont soulignées et renforcées par des pièces métalliques qui contrastent avec la cotte de maille qu’elle porte en dessous. Pour la partie inférieure du corps, la statue du boulevard Saint-Marcel lui attribue une longue tunique, représentation très courante dans les églises. Les statues équestres, en revanche, obligeaient peut-être l’artiste à la sculpter avec une armure d'homme. La coiffure, enfin, aurait pu conférer à la statue une touche de féminité. Si la statue de Frémiet présente une queue de cheval généreuse, qui vole au vent, surmontée d'une couronne de laurier, signe de victoire, les statues de la Chapelle et de Saint-Marcel ont les cheveux mi-longs qui, à l'époque, étaient portés même par les hommes ; quant à celle de Saint-Augustin, elle porte un casque qui dissimule toute chevelure. Celle de Bir-Hakeim est casquée et auréolée de profil, un artifice qui invite à voir la statue de côté. Une mèche stylisée est fixée sur le casque. Dernier élément : le visage et le regard. La statue de la place des Pyramides regarde droit devant elle, avec détermination, dégageant une impression de force, alors que celle de la place Saint-Augustin tourne des yeux inspirés vers le ciel tout en élevant son épée. Les traits du visage sont assez fins, exprimant la fragilité d'un enfant. Les deux représentent Jeanne les jambes tendues ce qui confère à l'ensemble du corps une forme triangulaire qui domine le cheval. Une force incomparable se dégage de ces statues équestres. Le cheval de la place des Pyramides est en marche, protégé d'une armure, ce qui lui donne un aspect massif, presque abstrait, alors que celui de la place Saint-Augustin est plus réel, fougueux, les naseaux dilatés. L'air inspiré de la statue de la place Saint-Augustin est en conformité avec le site devant l'église. Finalement, seule la petitesse du corps et la finesse du visage et des mains suggèrent sa féminité. La statue de Bir-Hakeim dégage une force peu égalée par les plus anciennes. Elle condense les différentes composantes des autres monuments : l’air inspiré de celle de Saint-Augustin, la puissance guerrière de celle des Pyramides. Jeanne est montée sur un cheval fougueux : tête, crinière et queue dressées avec force de tous côtés. Par contraste, le cheval en pleine course a été représenté au moment où ses quatre sabots se touchent, permettant ainsi une composition triangulaire qui renforce la puissance du destrier. À la fois casquée, auréolée et en armure, elle regarde droit devant elle, l’air déterminé. Son épée ondulée est fermement pointée vers l’avant et rappelle très précisément les contours souples de la crinière. L’étendard, qu’elle tient d’une main orientée vers l’arrière, enroule son corps, entoure son dos et se présente comme un drapé. Le tissu permet de créer un lien entre le cheval et Jeanne aux endroits où un vide aurait pu apparaître. L’effet recherché doit être massif et entier. La Pucelle et son cheval font corps : elle épouse totalement les contours de son destrier. Aucune selle n’est esquissée ; elle monte à cru. Elle prend appui sur le flanc du cheval avec ses deux pieds fermement plantés. L’impression d’ensemble est une figure d’un seul tenant dont la force ondulante permet de signifier la vitesse de déplacement. Les cinq statues font de Jeanne d'Arc une femme bien différente des autres. Guerrière, elle est représentée dans une posture masculine, portant des armes. Mais si elle a les attributs de l'homme, sa taille est celle d'une femme qui oscille entre une figure enfantine et celle d’une walkyrie ou d’une amazone. Ces statues indiquent qu'elle n'est pas un homme, mais ne nous dévoilent pas non plus une femme. Jeanne d'Arc échappe à ces catégories sexuées. En réalité, elle est avant tout un mythe, le symbole de la patrie.